Conservation d'Angkor

La Conservation d'Angkor

Dès la seconde moitié du XIXe siècle, plusieurs missions d'exploration françaises se succèdent à Angkor : celles d'Henri Mouhot, d'Ernest Doudart de Lagrée, de Louis Delaporte, d'Étienne Aymonier ou de Charles Carpeaux. En 1900, l’EFEO mandate le commandant Étienne Lunet de Lajonquière, Louis Finot et Henri Parmentier pour effectuer l’inventaire des monuments historiques au Cambodge. Cette mission se poursuit en 1907, après la rétrocession de la province où se trouve Angkor par le royaume du Siam au Cambodge sous protectorat français. Lunet de Lajonquière passe alors plusieurs mois à Angkor et étudie l’organisation d’un service des antiquités cambodgiennes. Il affirme la nécessité de créer un service spécial de conservation pour ce site archéologique.

En décembre 1907, Jean Commaille est chargé des premiers travaux de débroussaillement du site. Au début de l’année 1908, Henri Parmentier, alors Chef du Service archéologique de l'EFEO, établit avec lui un programme de travaux à effectuer. Le poste de Conservateur d’Angkor est créé en mars 1908, bien que Jean Commaille ne soit officiellement nommé que par un arrêté du 14 juillet 1908. Il devient le premier Conservateur d’Angkor.

Cependant, il convient de préciser que la Conservation d’Angkor ne semble pas être une structure institutionnelle définie. Aucun document officiel ne fait état de sa création, seulement celle du poste de Conservateur. La Conservation d’Angkor n’a donc pas à proprement parler été créée, et elle n’existe pas en dehors de la personne du Conservateur à ses débuts. Elle s'institutionalise progressivement au cours du XXe siècle. 

Dans les premiers temps, Jean Commaille s'attache essentiellement au déblaiement des temples, une tâche rendue difficile par la végétation qui menace l’intégrité des structures. Peu à peu, se dégage une vision globale du site permettant de comprendre les enjeux liés à l’espace et à la disposition des monuments. Les besoins archéologiques et scientifiques sont plus facilement identifiés et permettent autant le développement touristique que l’organisation du territoire avec la cartographie, la création de routes et la délimitation de terrains d’intervention. Le site d’Angkor devient rapidement le symbole de l’action culturelle de la France en Indochine et une étape privilégiée des visites officielles, dirigées par le Conservateur. Le 9 novembre 1953, le Cambodge accède à son indépendance. Dès lors, l’EFEO est mandatée par le gouvernement cambodgien pour continuer ses travaux d’étude du site et de conservation des monuments d’Angkor. À partir de cette date, les rapports d'activité portent le double en-tête de la Conservation d'Angkor et du ministère de l'Éducation nationale du Royaume du Cambodge.

En 1960, Bernard-Philippe Groslier est nommé Conservateur. La Conservation d’Angkor se modernise et se développe. Groslier fait construire des réserves, un laboratoire d’analyse et des ateliers de restauration. Un atelier de dessin dirigé par Jacques Dumarçay et Guy Nafilyan est également créé. Il réalise les relevés et les projets préparatoires aux grands chantiers de restauration, ainsi que les plans destinés à une série de monographies consacrées aux principaux monuments d’Angkor. Les plans de tous les rapports sont repris, réencrés et reproduits.

A la fin des années 1960 et au début de la guerre civile au Cambodge, des mesures sont mises en place pour protéger le patrimoine du pays. L’EFEO négocie pour faire du site d'Angkor une zone franche et pour que les chantiers de restauration continuent de fonctionner. Les chantiers sur lesquels travaillent les ouvriers de la Conservation, rattachés au gouvernement de Phnom Penh et à l’EFEO, sont situés dans la zone adverse. Une trêve bi-hebdomadaire est alors organisée afin de permettre au Conservateur de visiter les chantiers. En 1973, suite à l'intensification du conflit, la Conservation d’Angkor est contrainte de cesser ses activités. Pich Keo devient son directeur jusqu'à sa fermeture en 1975, et la remettra en activité en 1979. 

Les archives de la Conservation d'Angkor

L’EFEO, en charge de la conservation, de la restauration et de la recherche à Angkor de 1908 à 1972, conserve les fonds d’archives liés à son activité sur ce site archéologique, produits par la Conservation d’Angkor (son centre local). L’institution effectuait ponctuellement des missions hors d’Angkor, produisant des documents sur certains autres sites ou collections du Cambodge. Ces archives incluent également la documentation des artefacts trouvés à Angkor et ramenés au dépôt archéologique de la Conservation d’Angkor. 

Ces documents sont parvenus en France à la suite des entreprises de duplication et d'évacuation conduits au début des années 1970, pendant la guerre civile au Cambodge. Ils constituent une source indispensable aux travaux des chercheurs et des conservateurs actifs à Angkor aujourd'hui. Les archives de la Conservation d'Angkor intéressent également l’histoire contemporaine, l'épistémologie de l’archéologie et l’architecture.

Le projet IndexAngkor 

Le projet IndexAngkor financé par CollEx-Persée a permis de compléter la numérisation des fonds d’archives de la Conservation d’Angkor, donnant accès à :

  • 2600 plans

  • 9000 fiches de catalogue du dépôt de la Conservation d’Angkor

  • 460 rapports de la Conservation d’Angkor

  • 25 tomes de journaux de fouilles

Le projet a également permis d'indexer les journaux de fouilles et d'enrichir les métadonnées des fonds numériques des archives de la Conservation d'Angkor, pour faciliter la navigation entre ces documents. 

L'index des sites donne accès aux pages mentionnant les sites archéologiques dans les journaux de fouilles. La page des archives de la Conservation d'Angkor donne accès aux autres documents (rapports, fiches de catalogue, plans), au sein desquels il est possible d'effectuer des recherches par filtres.